Le petit séminaire de l’école de la Terre

Un mur s’effondre de lui-même s’il est mal construit. Rien de tel avec les idées, il faut des autres avec qui on parle pour les éprouver. La pensée n’est pas une affirmation de soi, c’est une petite fabrique à plusieurs. Elle nous aide à saisir quelque chose du monde et de son actualité et apporte de la force à notre capacité d’agir collectivement.

Le petit séminaire de l’école de la Terre a pris forme dans la dynamique lancée il y a quelques années sur le plateau de Millevaches avec les écoles de la Terre. Il se réunit pour remettre nos pensées sur le métier. Et cela en présentant, discutant et parfois rencontrant des auteurs et des autrices dont les thèses nous questionnent aujourd’hui. Son horizon est simple : travailler à un art de conséquences, forger nos pensées, qui seront semblables à ces points lumineux qui ne brillent intensément qu’au plus noir de la nuit.

D’où partons-nous ? C’est comme si nous avions en mains une carte sur laquelle il nous reste à marquer les pistes, les bassins, les crêtes. Cette carte est encore blanche mais elle a déjà un nom, c’est celui des devenirs terrestres. Elle pointe vers notre condition, la condition terrestre, une condition dont le sol est actuellement si fracturé et instable que nul ne peut dire avec certitude comment en devenir les sujets, et les sujets combattants.

Cette carte est un paysage de questions en même temps que celui de nos pas.

Devenir terrestre, soit. Mais en vue de quelle terre ? Cette lourde et épaisse terre à laquelle colle l’identité comme elle colle aux godasses ? Celle dans laquelle macèrent les rancœurs et les angoisses de posséder ? Ou bien celle dans laquelle nous croyons, faite d’usages et d’enchevêtrements, celle qui nous lie à des éléments, des vivants et nous indique un sens du lieu ?

Et puis nous, devenant terrestres, qui devenons-nous ? Et avec qui devenir sinon avec les autres qu’humains ? Mais leur serons-nous liés par l’émerveillement, la compassion, la combativité ? Quelles pensées orienterons-nous vers eux ? Comment ça s’existe une terre ? Comment ça se défend ? Chemin devenant, nous nous mettrons en quête des bons affects et des bonnes intellections. En parlant ensemble avec toute la simplicité du monde.

Prochaine séance vendredi 11 février 2022, invitation de Jeanne Burgart Goutal sur la ferme de Lachaud