26. Aux écoliers de la Terre – Joyce, Loic, Katherine
On vient vers vous avec une proposition d’atelier d’image. Un peu en retard car l’idée est venue quand des ami.es (Marianne, Lionel) ont fait appel à nous pour une possible projection 16mm chez vous, et que cette proposition est devenue caduque n’ayant aucun film à projeter.
Avec une forte envie de vous rejoindre pour cette semaine, on aimerait vous proposer de faire des images en 16mm, d’en faire et d’en montrer, d’une façon ou d’une autre. Ca pourrait être une façon de réfléchir avec nos mains, pour qui voudrait participer a la création d’image, et on serait très heureux de que cela puisse devenir aussi un point de départ de discussion plus généralement pour tout.e.s.
Vite-fait, nous sommes un collectif de cinéma qui regroupe plusieurs membres de différents laboratoires/ateliers de cinéma argentique collectifs et indépendants (Atelier MTK a Grenoble, Teconic dans les montagnes de NYC, labo l’argent a Marseille) ; Le cinéma en pellicule est une pratique qui découle d’une grande histoire d’industrie mais qui décline et se transforme donc depuis quelque temps. Les laboratoires collectifs qu’on connaît fonctionnent sur le principe de partage des ressources et des connaissances, de recyclage ou de réappropriation des machines et des techniques. D’invention de nouvelles méthodes aussi –
Depuis quelque temps, par volonté de mobilité, accessibilité, et de jeu, par plaisir d’inventer de nouvelles manieres de faire avec moins (moins de matériel et surtout avec la volonte d’etre autonomes par rapport a l’industrie cinématographique), on s’est penché sur la question de ce qu’est le cinema le plus matériellement réduit ou pauvre, qui ne demande pas de ressources énormes pour fonctionner, qu’on peut reconstruire dans n’importe quel endroit- et qui néanmoins ouvre énormément de possibilités pour la création/production d’image. * Un projecteur utilisé comme tireuse, ou juste un bout de film en contact avec un objet pour en faire copie, une lampe torche, le feu, le soleil..
*D’un cote, retourner aux débuts du cinéma, où un projecteur est aussi une camera et une machine pour tirage de copie, où n’importe quel amateur devient capable de faire ces bains de révélation dans sa salle de bain transformée en chambre noire.. ou n’importe qui peut faire des expériences avec ce qu’il a à portée de main. Today, tout cela reste un truc un peu spécialisé, mais je pense que le numérique l’est à sa façon aussi, et que tout cela tient à cette organisation mondiale de ressources etc- , l’idée est de s’extraire du circuit commercial et de tout faire du début à la fin, nous même. Et de léguer cette possibilité à qui veut. Part exemple, on n’est pas loin de savoir comment fabriquer des « pellicules » et des révélateurs sans avoir recours à l’industrie existante..
Début juillet, on s’est réunis pour chercher une recette de révélateur a base de plantes et de cendre. Il s’avère qu’il suffit de cueillir les plantes locales et de saison, en faire une soupe d’eau bouillante, rajouter de la cendre, et vous avez un révélateur sans avoir besoin d’acheter quoi que ce soit. Ce révélateur n’est pas optimal car il est lent, il finit par teinter les images mais on voit bien que c’est là l’œuvre des plantes. Que c’est un travail impur.
Pour cet appel aux politiques de la terre, nous vous proposons :
1, venir vous montrer des images fraîches traduites par les plantes (projection le soir de films réalisés au cours des deux dernières années, simplement avec une introduction, puis avec possibilité de discussion si affinités ?)
2, Parler de nos processus de tentatives d’autonomisation (fabrication d’emulsion, de revelateur, de camera, bientôt de projecteur, en suite logique).. de ce qui est mis en jeu, ce qu’il faut maîtriser, ou oser, ce qui est trouvé, qui est oublié. (l’exactitude d’un geste humain et non machinal, le temps comme véhicule sans moteur, le vivant dans l’image, l’expérimentation comme travail premier)
3, faire des nouvelles images sur place – (donc aussi cueillette des plantes, décoction de révélateur, développement, projection) – cela peut être plus ou moins intégré à d’autres envies, on est ouverts a des propositions et questions, cela pourrait être vu comme une recréation. On pourrait venir en tant que filmeurs et laisser une trace de cette rencontre avec les plantes du coin, mais si d’autres sont motive.es pour faire et penser avec nous les plans et les expressions a essayer dans l’image, le récit, etc, c’est encore mieux.
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