9.

9. L’institution de milieux – Sarah Vanuxem

Désormais, la question n’est manifestement plus celle de la poursuite ou de l’arrêt de la croissance, mais celle des moyens d’assurer une décroissance qui soit la moins violente et la moins destructrice possible de ce à quoi nous tenons, à commencer de nos lieux de vie, moyens de subsistance et libertés. À cette fin, nous voudrions faire une proposition : se saisir de techniques ou de notions du droit déjà existantes pour penser une confédération de milieux dont les habitants – humains et non-humains – assureraient, chacun à leur mesure, l’intendance ou l’administration. Dans cette perspective, on pourrait s’appuyer sur le principe de solidarité écologique, lequel commande de prendre en compte, dans toute prise de décision publique ayant une incidence environnementale notable sur les territoires concernés, « les interactions des écosystèmes, des êtres vivants et des milieux naturels ou aménagés », soit les relations d’interdépendance entre les êtres qui séjournent ensemble au sein de mondes singuliers. Plus précisément, on pourrait redéfinir nos lieux de vie – et ici même sur le plateau de millevaches – en repartant du tracé des sections de communes, ces communs fonciers rémanents. On pourrait aussi s’inspirer du mouvement de personnification de la nature, soit de la reconnaissance de la qualité de sujet de droit à des fleuves, des lacs ou des forêts. On pourrait encore puiser dans l’histoire du droit des cités-villes, des monastères ou des corps de ferme – et, pourquoi pas aujourd’hui, des écosystèmes ? – auxquels étaient jadis reconnus des droits. Au final, l’hypothèse est que, sur le terrain du droit, nous disposons déjà de matériaux pour atterrir et mener une politique écologique, à l’échelle non pas seulement internationale, mais aussi locale.