10. Le monde organisé à l’heure de l’Anthropocène – Emmanuel Bonnet, Cyprien Tasset
Le « trouble » associé à l’anthropocène, ne repose pas sur l’anthropocentrisme, le fait de considérer les « humains » comme les principes organisateurs du monde (Haraway, 2020) mais de présupposer que les organisations sont les entités constitutives du monde dans lequel nous vivons : orgo-centrisme. Le « Capitalisme Mondial Intégré » et ses régimes sémiotiques (Guattari, 1989), une « politique identitaire centrale » (Manning 2019) sur ce qui mérite ou non d’exister, constituent un processus de captation et de contrôle des êtres dans un « monde » acosmique (Montebello, 2015). C’est l’implicite cosmologique que nous voulons discuter ici. Ce que produit le monde organisé à l’heure de l’Anthropocène est une absence de monde. Il s’agit dès lors de « dé-organiser » le monde pour le retrouver, autrement dit, de le dé-projeter, contre toute promesse managériale d’une lutte organisée contre l’anthropocène.
Cette dé-projection peut chercher des appuis dans les contradictions qui travaillent les organisations. Nous pensons en particulier aux retournements de la rationalité organisante (avec ses promesses d’amendements durables et responsables) en une mécanique de l’effondrement. Ce retournement de rationalité opère concrètement à travers des parcours de cadres bouleversé.e.s par la ratio effondriste, et que cela peut conduire à faire défection, de différentes manières.
À partir des réflexions et des enquêtes menées au sein d’Origens Media Lab, cet atelier se propose de discuter stratégiquement de la projection du monde organisé dans l’Anthropocène, et des prises qu’offrent ses propres acteurs à la critique.