2. De la requalification du statut des substances dites “hallucinogènes” – David Dupuis
Après des décennies de prohibition et d’inquiétude des pouvoirs publics concernant leurs effets “hallucinogènes”, on observe depuis peu, au sein des sociétés occidentales, un intérêt croissant du grand public, des chercheurs et des cliniciens pour les substances dites “psychédéliques” (ayahuasca, LSD, champignons psilocybes, cactus à mescaline etc.). Cette intervention propose d’aborder les enjeux culturels et politiques de ce regain d’intérêt.
Longtemps cantonné aux sociétés autochtones (principalement des Amériques pré-coloniales), l’usage ritualisé et institutionnalisé des hallucinogènes a connu une importante diffusion transnationale au cours des dernières décennies dans le cadre de l’émergence du “tourisme chamanique”. Les pratiques autochtones ont dans ce contexte été progressivement transformées, intégrant les idiomes occidentaux de la psychothérapie, du développement personnel et de nouvelles formes de religiosité syncrétiques de type “New Age”. Depuis peu, les substances dites “hallucinogènes” ou “psychédéliques” sont en outre testés dans les laboratoires et cliniques occidentales comme traitements de la dépression, de l’anxiété, ou des addictions.
Cette intervention esquissera les dynamiques sociales qui président à la requalification contemporaine du statut des substances dites “hallucinogènes”, pour en explorer les implications culturelles et politiques dans les Amériques autochtones et en Occident.